Les premières vaches landaises, les marines, vivent à l’état sauvage en bordure de l’océan.
Certaines deviennent de véritables stars. Leur nom est connu de tous les coursayres.
Le 14 juillet à Nogaro, le public élit la Corne d’or
Aujourd’hui d’origine espagnole, élevées dans les ganadérias, leur carrière débute à l’âge de 3 ans et dure une douzaine d’années.
Les premières bêtes utilisées pour les courses provenaient du bétail destiné à la consommation, ce qui explique le rôle important joué par les bouchers dans l’enracinement de la course de vaches en Gascogne.
A la fin du XVIIIe siècle, avec l’évolution de la course, les organisateurs ayant compris que ce jeu de plus en plus populaire allait inévitablement devenir source de profit, se mettent à la recherche d’un bétail plus performant.
Ils ont alors l’idée de s’intéresser à ces vaches rustiques, vivant à l’état quasi sauvage, dans les zones marécageuses, le long du littoral. Excellente idée ! Appelées vaches marines, ces cornues se montrent, en piste, de redoutables adversaires. Leur agilité, leur vivacité, leur agressivité les font immédiatement apprécier du public. Vers le milieu du XIXe siècle, ces vaillantes marines sont progressivement remplacées par du bétail d’origine espagnole, plus agressif encore et de présentation plus spectaculaire.
L’animal roi
En Course Landaise, la vache occupe une place de choix. Elle est profondément respectée et perçue comme un animal noble sans lequel ce sport – spectacle n’existerait pas.
Le public « coursayre » connaît d’ailleurs aussi bien le nom des héros de l’arène que celui des stars cornues qu’ils affrontent. Les plus célèbres : Challengita, Marciacaise, Maroca, Fédérale, Ibañeza, Ibiza, Soltera… Chaque année, le 14 juillet à Nogaro, les spectateurs élisent la Corne d’or.
Les Ganaderias
Elevées sur de grands espaces dans une quinzaine de ganaderias, 2/3 des coursières sont nées en Espagne et 1/3 en France.
Les vaches les plus agressives et les plus nobles sont sélectionnées pour se produire dans les courses landaises, les autres moins virulentes sont réservées aux jeux taurins ou aux courses de rues.
Vivant à l’état sauvage pendant l’hiver et au printemps, elles sont rassemblées durant la « temporada » et préparées comme des sportifs de haut niveau.
Une coursière sort pour la première fois dans une arène à 3 ou 4 ans. Sa carrière dure une dizaine d’années. Atteint par la limite d’âge, l’animal vit une paisible retraite « au campo », choyé par son ganadère et ses vachers.
Les vaches marines
Le développement de la forêt landaise, en grande partie artificielle, date de la deuxième moitié du 19° siècle, impulsé par Napoléon III qui promulgua, en 1857, la loi obligeant à assainir les zones marécageuses et à planter des pins.
Historiquement, l’agro-pastoralisme occupait ces contrées, avec les fameux bergers sur échasses. En parallèle une variété de bovins, la race marine, vivait également à l’état sauvage dans les marais.
Ces animaux furent chassés par les nouveaux propriétaires forestiers forts mécontents de les voir brouter et détruire les jeunes plantations de pins. La race marine finit par disparaître quasi-totalement pendant la guerre de 40, où les Allemands abattirent les derniers sujets pour améliorer leur ordinaire. Mais, miracle, un vieil agriculteur isolé détenait encore quelques animaux dans son étable, lorsqu’il prit sa retraite. Le petit troupeau fut pris en charge par la SEPANSO. Le plan de sauvegarde mis en place a permis de remonter à ce jour leur effectif à une soixantaine de sujets.
La corde et la têtière
A ses débuts, la jeune vache est écartée ou feintée sans corde. Animal intelligent, elle comprend rapidement le jeu et gagne en expérience. Elle développe ainsi une dangereuse roublardise qui lui permet de contrecarrer les stratégies des hommes et devient quasiment impossible à écarter.
Aussi, la vache doit être dotée d’une « têtière » reliée à un cordier par la corde. Celle-ci permet à l’entraineur d’amener la coursière à la talenquère et de la placer idéalement dans la ligne d’attaque. La corde favorise la proximité entre la bête et l’écarteur et permet au cordier de contrôler la trajectoire de l’animal pour mieux protéger l’acteur. Toutefois la corde ne supprime pas le danger.
Les tampons
Jusqu’à la fin du 19° siècle les vaches étaient affrontées cornes nues, source d’accidents nombreux et graves. Entre 1886 et 1890, les acteurs obtiennent de faire embouler les vaches meurtrières, puis celles jugées trop dangereuses. Malgré la condamnation de cette pratique et la polémique suscitée par beaucoup de critiques taurins, la pose de tampons se généralise.
Ces protections, plus ou moins volumineuses, sont constituées d’un enrobage de chatterton régulièrement entretenu ou renouvelé.